On en parle toutes les semaines. Au park, sur le spot, et ils sont légions sur le spot de flat : le surfskate est partout !
Alors, ce Surfskate, effet de mode, ou mutation logique et durable du skateboard ?
Mon avis sur la question avec un focus sur la marque phare du Surfskate : Carver.
Surfskate : les origines
Il ne s’agit pas aujourd’hui de refaire l’historique de la discipline. D’autres l’ont fait de manière exhaustive, notamment ici. Ce qui m’intéresse c’est plutôt de comprendre comment le Surfskate est arrivé, pour quel raison le skateboard, et le longboard ont évolué pour donner naissance à de nombreuses variantes, et tout autant de systèmes (plus ou moins inventifs) pour susciter sans cesse l’intérêt des nouveaux glisseurs.
Pour moi, le Surfskate, c’est clairement la suite logique de l’histoire. Si on peut supposer que tout a commencé avec les surfeurs qui cherchaient à rouler sur le bitume pour recréer des sensations, le skateboard a muté depuis quasiment sept décennies pour répondre aux attentes des riders, d’abord le long des plages, puis d’un public de plus en plus urbain. Naturellement, le sport s’est orienté vers des modules plus ou moins naturels, et vers la rue ou il gagna ses lettres de noblesse. Après un pic ou le skate atteint les sommets, et, dirais-je, le point culminant en terme de médiatisation (les méga-loops de Tony Hawk, la démesure des rampes des X-Games, THPS 1, 2, 3 et 4!), on est revenu à une pratique plus large, ou chaque skateur a sa propre planche, dans un version traditionnelle ou avec l’une des nombreuses inventions qui ont vu le jour ces vingt dernières années : snakeboard, skate élec, longboard : du dancing au pumping, etc…
Et là, badaboum, alors que les manières de glisser n’ont jamais été aussi variées, c’est le cataclysme : les papas reviennent au skatepark !
Là où, avant, ils restaient le dimanche après-midi à commater devant FR3 ou a soutenir face à Papy que le parti communiste était l’avenir de la France, désormais, les papas sont cools, ils se payent des Vans Sk8-Hi comme à l’époque, et ils débarquent sur le spot.
A ce moment précis, deux profils émergent : la tête brulée nostalgique de ses années de gloire qui s’équipe complet pour s’envoyer dans le bowl, quitte à y laisser un poignet; et l’autre, qui réuni plus de monde : ceux qui souhaitent préserver l’intégrité de leur corps. Ces derniers, soucieux de ne pas s’esquinter pour pouvoir continuer d’amener le petit à l’école et afin de conserver son emploi, se tourne vers des pratiques plus soft que le street (ô combien peu soft) et mise tout sur la glisse et le slalom (comme on disait avant).
Au regard de cette petite histoire, on ne s’étonnera pas dans ce contexte de voir émerger de nouveaux types de planches, dédiées à ce genre de pratique et dont le Surfskate est l’aboutissement suprème (jusque là), le terrain est prêt pour l’avènement du Surfskate CARVER.
Le (surf)skate, c’est comme le bon vin…
Il va falloir se rendre à l’évidence, pour les plus jeunes d’entre nous, le skateboard aura 100 ans quand vous serez vieux ! Si pour les papas, le frisson du « j’étais parmi les premiers à en faire » existe encore, le skateboard n’est plus une discipline naissante. C’est un sport mature, qui, comme tous les sports matures, traine derrière lui une histoire complexe, des marques emblématiques, des mythes et des légendes. Dans chaque discipline, les dieux ont défriché le terrain et inventé la poudre. Désormais, il faut faire la place aux nouveaux venus qui débarquent avec leurs erzats de skateboard et inventent de nouvelles pratiques.
Je disais que le Surfskate est l’évolution naturelle du skate/longboard parce qu’il arrive à un moment où il répond à une demande bien précise. Quand, sous l’impulsion de ceux qui ne veulent plus de l’expérience ingrate du street ou du downhill, les pratiquants souhaitent se recentrer sur les vraies sensations de glisse et revenir au source, le Surf, la technologie correspondante fait ou refait surface pour combler le vide qui existait.
Et cette technologie a beau ne pas être nouvelle, elle aura attendu son moment pour enfin connaitre la lumière et révéler au grand jour les Surfskates CARVER.
Surfskate CARVER : la démocratisation totale du skateboard ?
Car la marque CARVER existe déjà depuis plus de 20 ans, et son truck pivotant (ancêtre du CARVER C7), a connu de nombreuses évolutions pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.
Si l’on parle de CARVER ici, c’est parce que la marque pionnière est représentatrice de l’effet Surfskate, et son représentant le plus médiatique. Il en va néanmoins de même pour toutes les variantes qui permettent de gouter aux joies du Surfskate et notamment YOW, Smoothstar, Waterborne, Slide, Flying Wheels ou Long Island. Toutes, d’une manière ou d’une autre, se sont inspirées (directement ou non) du système de truck de Surfskate CARVER.
L’info importante, c’est que le Surfskate est la dernière évolution du marché du skateboard, et ce, n’en déplaise au streeteux pur et dur, pour une raison précise : c’est qu’il s’adresse à une très large communauté dont les rangs grossissent chaque jour. Une communautée a qui personne ne s’adressait jusque-là et qui trouve maintenant dans ces planches la réponse à toutes les questions existentielles qu’ils pouvaient se poser : que faire le Dimanche quand il fait beau ? Que vais-je faire pendant que le petit s’amuse au skatepark ? Comment combler le vide dans ma vie sentimentale ?
Les confinements dans de nombreux pays ont simplement accéleré un phénomène naturel qui est que l’homme (homo sapiens) a une propension naturelle pour la glisse, et que nombre d’entre eux se voyaient frustrés jusque-là de ne pas pouvoir rouler sur le bitume (à defaut de glisser sur l’eau).
En cela, le Surfskate est la suite logique des sports de glisse urbains car sa proposition est simple : glisser, pour retrouver les sensations du Surf, en carvant et en baladant. C’est simple, et ça ne fait peur à personne.
Surfskate : volonté divine ?
Alors, j’entends déjà les extrêmistes, toujours trop nombreux et, bien que souvent marginaux, trop de fois trop bruyants : « le Surfskate, c’est une mode, un truc qui fait que passer, comme un tube de l’été ou ces jouets qui faisaient fureur une année avant de disparaitre (coucou Ondamania). De toute façons, le jugement divin s’abattra sur les impies et seuls les streeteux et les calus qui font du speed seront sauvés. »
Vision étriquée de la question si vous voulez mon avis, de la part de ceux qui ne voient pas la chose dans son intégralité. Les récentes explosion du Surfskate (Carver et YOW en tête) dans des pays comme la Thaïlande ou la Chine, le prouve d’ailleurs très bien : la conquête ne fait que commencer.
Le Surfskate s’abat sur le monde de la glisse pour apporter le bonheur à ceux qui ne savait plus comment faire pour s’amuser. Les dieux de la glisse, là-haut, au panthéon, leur envoi une réponse (pour un temps) :
« Recentrez-vous sur les bases ! Oubliez les 360° Flip et autres double-grinds. Allez rouler, et faites moi le plaisir de vous éclater ! N’oubliez pas que c’est la glisse qui compte, et le plaisir que cela vous procure ».
Si nous autres skateurs sommes déjà une sous-espèce issue de la famille du Surf (elle-même sous-espèce des nageurs, ou des tortues…) , les Surfskateurs sont notre dernière évolution. Comme les mutants dans X-Men, ils sont la version la plus aboutie de notre tribu. Alors, ne faisons pas l’erreur d’y voir une passade sans intérêt.
Puisque je vous dis que c’est la volonté divine !